Derrière les portes closes de la pharmacie hospitalière, loin des consultations et des urgences, un travail essentiel s’accomplit dans la discrétion. Camille Schoonacker, pharmacienne à la clinique Sainte-Isabelle d’Abbeville, veille à l’approvisionnement, à la gestion et à la sécurité des traitements. Un rôle méconnu, mais indispensable au bon fonctionnement de l’hôpital.
Derrière les portes de la pharmacie hospitalière de la clinique Sainte-Isabelle d’Abbeville, Camille Schoonacker veille. Silhouette élancée, blouse blanche immaculée, regard vif, cette jeune pharmacienne orchestre un ballet millimétré de boîtes et de flacons, entre gestion des stocks, commandes en flux tendu et suivi des traitements. Loin du tumulte des consultations et des couloirs bondés, elle est l’un des rouages essentiels du monde hospitalier. Une évidence, dit-elle, que de faire ce métier. « Depuis mon stage de 3ᵉ dans une officine, j’ai su que je voulais faire ça », confie-t-elle avec un sourire franc, qui ne laisse pas de place au doute.
Un métier sans routine
Aucune prédisposition particulière, aucun modèle familial dans le domaine, juste une conviction ancrée. Et pourtant, elle aurait pu choisir la voie du libéral, plus accessible, plus directe, plus facile. Mais c’est dans le monde hospitalier qu’elle a voulu poser ses valises. « Ici, c’est bien plus diversifié. On gère les médicaments, bien sûr, mais aussi le bloc opératoire, la gestion de la stérilisation… et la logistique qui va avec. » Un quotidien où la routine n’existe pas. Chaque jour, il faut être sur le qui-vive, anticiper, ajuster. La rigueur comme maître-mot. Mais il y a un manque : celui du contact avec les patients. « C’est le revers de la médaille », souffle-t-elle. Alors, elle réfléchit à l’avenir, envisage une spécialisation, peut-être même un passage vers l’officinale. Pas d’interdits, pas de plans rigides. Ce qui compte pour elle, c’est d’être épanouie et d’être en accord avec ses valeurs.
L’épreuve du feu, elle l’a vécue avec la crise du Covid en 2020. Un chamboulement. « On n’était pas en première ligne, certes, mais c’était un stress permanent, l’urgence constante. » Des nuits courtes, des stocks sous tension, la pression d’un monde hospitalier mis à nu. De cette période, elle retient l’importance de l’adaptation, de la réactivité.
Créer des vocations
Et après ? Comment créer de nouvelles vocations ? En dépit des discours alarmistes, Camille veut croire à la relève. À la clinique, elle participe au programme « Ma clinique est fantastique », où des collégiens viennent découvrir les coulisses du soin. Montrer l’envers du décor, loin des clichés et du pessimisme ambiant. « Il faut que l’hôpital s’ouvre et informe », martèle-t-elle. Et passer outre les échos négatifs relayés dans les médias à longueur de temps. Même si tout n’est pas rose pour autant. Entre les différents services, des clivages peuvent exister. « Il faut une bonne coopération entre la pharmacie et les différents services hospitaliers, et pour cela, il est important d’informer sur notre métier. » Une coopération essentielle, car sans pharmacie, pas de soins possibles.
Dans ce métier de l’ombre, il faut être rigoureux, réactif, tenace. Penser au confort du patient, même sans le voir. Camille Schoonacker, elle, le fait chaque jour, entre deux cartons de médicaments et une ordonnance à valider. Loin des projecteurs, mais au cœur du soin.