À 20 ans (bientôt 21), Enéa Courtin achève sa formation d’infirmière à Abbeville. Entre blouse blanche et uniforme de sapeur-pompier volontaire, elle a choisi une vie d’engagement total, où urgence et dévouement sont son quotidien. Son ambition : intégrer le SMUR pour soigner là où chaque seconde compte.
Abbeville, IFSI, troisième année. Enéa Courtin, 20 ans, s’apprête à troquer son statut d’étudiante pour celui d’infirmière diplômée. Encore quelques mois d’effort, et en juillet, elle rejoindra officiellement les rangs de celles et ceux qui soignent, accompagnent, soulagent.Mais sa blouse blanche ne lui suffit pas : Enéa est aussi sapeur-pompier volontaire à Forges-les-Eaux, en Seine-Maritime, son fief. Une double casquette qui résume son moteur : être au plus près de l’action, au service des autres.
Un choix naturel
« J’aime aider, prendre soin des gens, c’est venu spontanément« , confie-t-elle. La vocation est apparue dès le collège, sans qu’elle sache encore sous quelle forme. Médecine, vétérinaire, soins infirmiers ? C’est au lycée que l’évidence s’impose : ce sera infirmière. Aucun modèle préexistant dans la famille, si ce n’est un grand-père et des tantes aide-soignants. « Je serai la première et j’en suis fière« , lance-t-elle, sourire en coin, fière de bousculer les générations.
Mais soigner ne lui suffit pas. L’adrénaline de l’urgence, le terrain, l’action rapide, tout cela l’appelle. En troisième, elle intègre une classe spécialisée Jeunes Sapeurs-Pompiers. Une découverte, une révélation : « Les pompiers, c’est une famille« . Dès qu’elle en a eu l’opportunité, elle s’est engagée. Depuis, entre l’hôpital et les interventions de secours, elle construit une expérience qui fait d’elle une soignante aguerrie avant l’heure.
L’urgence comme terrain de jeu
Si certains redoutent la pression, elle, la cherche. « Aux urgences, il faut être polyvalent, réagir très vite, explique-t-elle avec enthousiasme. Il faut savoir toucher à tout et avoir des connaissance et des bases solides pour traiter chaque patient selon son cas. C’est ce qui me plaît le plus d’ailleurs. » Mais son ambition ne s’arrête pas là. Son but : intégrer le SMUR, partir en intervention, aller là où l’on a besoin d’elle, là où tout se joue en quelques minutes. « Être derrière des murs, ce n’est pas mon truc.«
La formation à l’IFSI d’Abbeville lui a donné les bases, mais elle sait que le vrai apprentissage ne fait que commencer. « Une infirmière apprend tout au long de sa vie. C’est un métier où les processus évolue. Je sais que, plus tard, j’apprendrais aussi auprès des stagiaires que j’encadrerai. » Stages marquants, première expérience d’un arrêt cardiaque en EHPAD, confrontation à la mort : elle a déjà éprouvé la réalité du métier. « Gérer un décès, ce n’est pas simple, mais on doit passer outre, pour les patients suivants, pour nous-mêmes.«
« Ne jamais baisser les bras »
L’engagement dans le soin ne laisse pas de place à l’hésitation. Enéa, elle, fonce. « Il faut croire en soi et ne jamais lâcher, même quand tout pousse à abandonner. » Un conseil qu’elle adresse aux futures générations d’infirmières. Déjà tournée vers l’avenir, elle sait qu’elle devra transmettre, accompagner les étudiantes qui viendront après elle.
Dans quelques mois, Enéa Courtin passera officiellement de l’autre côté. Elle quittera les bancs de l’IFSI pour se jeter dans l’arène, en première ligne. Pour prendre soin, pour agir, pour sauver. Une infirmière, une combattante. Une femme de terrain.